
J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog, la France a pour destin de quitter l’UE pour des raisons économiques, politiques, juridiques, diplomatiques, historiques, culturelles…
Le but de cet article n’est pas de rappeler la pertinence d’un Frexit, mais plutôt de répondre à l’impasse qu’il suscite par sa simple évocation.
Sans même être le meilleur politologue de France, on se rend compte que mettre en avant sur un programme électoral le Frexit peut malheureusement créer une mauvaise approche.
La première solution est d’abandonner lâchement cette idée et de donner raison aux partis dominants qui souhaitent enterrer cet espoir, telle Marine Le Pen qui a effectué un changement total de programme sur la souveraineté, ce qui prouve là encore à quel point sa fiabilité idéologique est peu rassurante. Cette dernière ayant cherché à trouver des prétextes concernant sa défaite de 2017 au lieu d’assumer son attitude grotesque lors du fameux débat de second tour.
La seconde solution est à l’inverse de se focaliser sur le Frexit, ne parler que de cela, et faire miroiter bêtement que l’article 50 sera la solution. Pourtant, il ne sera qu’une étape parmi d’autres. Je pense évidemment au combat de François Asselineau qui conserve mon estime pour son travail, et qui a compris après des années de monolithisme qu’il fallait élargir son discours politique au-delà de l’article 50.
La troisième solution, celle que je défends, est de désacraliser le Frexit. En faire une mesure certes très importante mais qui n’est ni unique, ni un grand soir.
Les nombreux avantages :
1/ Ne pas se laisser coller l’étiquette du « frexiteur » qui veut tout dire et rien dire. Je suis frexiteur, Florian Philippot l’est aussi. Mais sommes-nous vraiment sur la même ligne sur les autres plans ? Loin s’en faut. Il est avant tout socialiste et centraliste, je suis avant tout un homme de droite libérale sur le plan économique et régionaliste, voire fédéraliste. Nos raisons de vouloir un Frexit, ainsi que nos options post-Frexit sont très clairement différentes.
2/ Faire admettre que le Frexit est une idée très importante, mais qu’il n’est pas le miracle du millénaire et qu’il doit être un moyen, non une finalité. La dette, l’insécurité, l’administration excessive ou même notre système politique inadapté n’ont aucun rapport avec l’Union européenne.
3/ Faire adhérer à un programme d’ensemble, et ne plus avoir un parti unique et attrape-tout qui fera fuir tout le monde. Il serait tout à fait bon qu’il y ait un parti pro-Frexit de droite, mais aussi un de gauche, un du centre… Cela montrerait que c’est une idée normale et non marginale. D’ailleurs, si Monsieur Philippot est candidat, il y aura donc un Frexit assez à gauche sur les questions sociales et économiques face à un Frexit plutôt à droite de Monsieur Asselineau si j’en crois son nouveau programme présidentiel, assez en contraste avec celui de 2017, fort heureusement.
Par exemple, en 2005 lors du référendum français sur le traité établissant une constitution pour l’Europe, le « non » l’a emporté car il y avait un non de gauche, et un non de droite. Dans l’hypothèse d’un « non » unique avec un seul porte-parole, et naturellement isolé face à une dizaine de partis contre lui dans les débats, cela aurait abouti à la victoire écrasante du « oui ».
Imaginez à l’inverse une soirée politique à la télévision avec 10 candidats, dont 3 ou 4 frexiteurs, avec chacun un programme économique et social différent. Pensez-vous que cela pourrait toujours autant effrayer les Français ? Non. Ils s’y habitueraient.
4/ Et parce que je garde le meilleur pour la fin, je souhaite faire remarquer qu’à deux reprises un candidat frexiteur a été au second tour de l’élection présidentielle (Jean-Marie Le Pen en 2002, Marine Le Pen en 2017 avant sa trahison). Que l’on partage ou non leurs idées, il est impératif de rappeler que la sortie de l’UE est ouverte à toutes les tendances politiques, et que leur cas est intéressant puisqu’ils n’avaient pas le Frexit comme marque de fabrique mais comme composante d’un ensemble programmatique large. Ils auraient pu être tous les deux de gauche, ou centristes, ca n’aurait rien changé à l’analyse. N’est-ce pas le moment de se poser les vraies questions ?
En conclusion, les frexiteurs attendent eux aussi un tout autre point de vue sur l’approche du Frexit. C’est aux responsables frexiteurs de l’entendre, désormais.
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