C’est avec plaisir que je vous retrouve pour ce deuxième épisode du feuilleton présidentiel qui a pour but de décortiquer le programme de chaque candidat et de lui attribuer une note finale. Le format restera le plus concis possible, avec pour l’espoir que toutes et tous puissent se faire une opinion sur le candidat en question facilement. Ces analyses me sont naturellement propres, et n’étant pas candidat, mon objectif est davantage de lancer des pistes de réflexion à travers mes commentaires, que de convaincre.
Bien évidemment, et quel que soit votre choix final, je vous engage vivement à vous rendre aux urnes en avril prochain !
Au passage, je vous invite à noter vous aussi le programme de Jean Lassalle dans les commentaires.
C’est parti !

C’est à travers 12 thématiques que Jean Lassalle présente son programme présidentiel (source : jl2022.fr).

REFONDER NOS INSTITUTIONS, SUSCITER L’ENGAGEMENT CITOYEN
- – Instaurer le RIC, le Référendum d’initiative citoyenne
- – Reconnaître le vote blanc
- – Revoir la durée du mandat présidentiel
- – Créer un Service National Universel militaire ou civil, du 15 septembre au 15 juin
- – Redonner vie au Conseil Économique, Social et Environnemental
- – Le moment venu, convoquer un Conseil national de la Résistance réunissant les forces politiques et sociales, pour élaborer un nouveau contrat social.
- – Aligner les régimes sociaux des parlementaires sur le droit commun.
- – Abolir la Cour de justice de la République et placer les Ministres sous le coup de la justice ordinaire.
Pour cette première thématique, Jean Lassalle donne envie de s’intéresser à son programme bien que des éléments me laissent perplexe. Je passe la plupart des propositions qui sont essentielles, positives, et déjà présentées dans ce blog depuis sa création en octobre 2020, pour m’arrêter sur une seule. C’est-à-dire la durée du mandat présidentiel, et que Jean Lassalle explique comme ceci : « Ce contexte imposera de choisir, le moment venu, par référendum entre septennat ou maintien du quinquennat. ».
Je trouve que le candidat est trop flou, car quel est ce « moment venu » ? Quel déclic peut-il engager ce débat, si ce n’est un candidat à une élection présidentielle, justement ? De plus, je ne cesse de penser et de dire que la nostalgie du septennat me paraît injustifiée. Certes, une élection législative se déroulait toujours en cours de mandat puisque les députés sont élus pour 5 ans. Mais quel a été le résultat ? Des blocages, des guéguerres politicardes entre l’Elysée et Matignon… Si le peuple n’est pas satisfait de son président, alors pourquoi ne pas le changer directement au bout de 5 ans, plutôt que de lui opposer une majorité parlementaire qui créera une cohabitation infernale ? La seule gagnante des cohabitations est la presse people qui relate chaque pique ou humiliation officielle entre les deux tenants de l’exécutif. Mais ce n’est certainement pas le peuple français qui est gagnant.

RELANCER LA RECHERCHE
- – Développer la recherche sur les transformations de l’humanité et la communication entre les Hommes
- – Préparer la transition énergétique du nucléaire
- – Miser sur les énergies renouvelables
- – Développer la recherche en matière de milieu océanique et de biodiversité marine
- – Développer la recherche spatiale dans un esprit pionnier et souverain
- – Lancer des appels d’offres pour la recherche pharmaceutique sur les maladies orphelines, au lieu des actuels crédits d’impôts
- – Libérer le savoir issu de la Recherche publique, en garantissant son libre accès en ligne
- – Créer une commission réunissant l’ensemble des acteurs concernés, habilitée à lever les brevets dont l’usage et l’exploitation sont vitaux
La première proposition est très convaincante dans son explication, et pour ne pas faire un article interminable, je ne peux mettre toutes les explications (parfois très longues) de Jean Lassalle, mais que vous pouvez retrouver sur son site de campagne. Exception faite pour ce commentaire qui vaut la peine d’être reproduit :
« Il nous faut comprendre comment l’Homme se transforme lui-même. Quelles répercussions sur nos façons de voir et de penser ont les progrès en matière de biologie, de génétique et de nouvelles technologies ? Développons la recherche en psychologie, en sociologie et en organisation du travail. La famille aussi mérite d’être érigée en terrain d’étude. Par ailleurs, ingénieurs et chercheurs devraient pouvoir changer de sujet ou de discipline au cours de leur carrière pour une perception systémique de ces enjeux.«
Il est vrai que beaucoup de nos fonctionnements reposent sur des habitudes, mais l’esprit cartésien qui anime le peuple français doit pouvoir se pencher davantage sur la psychologie (la vraie), sur la sociologie, sur la science dans son évolution… Cela pourrait révolutionner très positivement nos méthodes d’enseignement par exemple. Ce serait un vrai plus.
Cela étant écrit, la dernière proposition sur la levée des brevets me paraît dangereuse et une explication eut été appréciable. Je suis donc plus que réservé sur cette dernière idée.

RÉORGANISER NOTRE SYSTÈME DE SANTÉ
- – Recruter 100 000 infirmièr·e·s et aides-soignant·e·s sur la durée de mon mandat
- – La Sécurité Sociale couvrira toutes les dépenses de Santé
- – Rendre l’Agence Européenne du Médicament indépendante des laboratoires pharmaceutiques
- – Revoir le fonctionnement des « ordres » (médecins, infirmiers, kinés…) afin qu’ils travaillent mieux entre eux
- – Remplacer les ARS par des DDASS : Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales
- – Créer une unité de gestion des crises liées à la Santé (pandémies…)
- – Ouvrir 20 000 lits (y compris de réserve) avec le personnel soignant afférant
- – Augmenter le nombre de places dans les universités de médecine, harmonieusement réparties sur le territoire
- – Avoir un hôpital à moins de 40 minutes de route, partout sur le territoire
Avec Jean Lassalle, l’ascenseur émotionnel est à son apogée. Pour le moment, c’était plutôt positif mais là…
Par respect pour les lecteurs et pour écrire ce feuilleton, je me dois de lire intégralement les programmes, mais l’adoption de l’écriture inclusive dans un projet présidentiel mériterait d’être sanctionnée en n’étant pas lue. La langue française n’est-elle pas déjà assez difficile ?
Je comprends parfaitement la volonté de ne pas mettre les femmes au second plan, mais je ne crois pas que cela passe par une complexification d’une langue déjà compliquée. Je renvoie à la mise en garde de l’Académie française de 2017 (ici).
Pour revenir sur les propositions elles-mêmes, le candidat de 66 ans souhaite raser gratis. Une Sécurité sociale couvrant toutes dépenses de santé (adieu les mutuelles). Avec quel argent ? Le député est-il au courant de notre dette abyssale ? 120 % du PIB, cela lui parle-t-il ? Ensuite, des universités harmonieusement réparties ? Cela laisse-t-il entendre la création de nouveaux établissements ? Combien ? A quel prix ?
La France manque de médecins à en croire les actualités successives, mais outre la possibilité de se former à l’étranger et de devoir libérer notre économie pour donner envie aux étudiants de revenir, il y a en effet la possibilité de favoriser la création d’instituts privés (même si cela doit passer par des contrats avec l’Etat au début) et d’augmenter le nombre de places dans les structures déjà existantes, lorsque cela est possible. La révision impérative des bourses serait moins coûteuse que les propositions de Jean Lassalle et bien plus utile. Un étudiant boursier gagne moins qu’une personne au revenu de solidarité active. C’est indécent, injuste, et à l’inverse d’une politique sociale digne de ce nom. Mais le social a été assassiné dans notre beau pays sur l’autel de l’assistanat, hélas…
La formation est une mission impérative de l’Etat pour des raisons évidentes de contrat social, mais aussi d’investissement pour son avenir. N’est-ce pas les libéraux de la première heure qui proposent eux-mêmes le chèque éducation ? Cela n’est pas sans raison.

REPENSER L’INSTRUCTION PUBLIQUE
- – Revaloriser le salaire et le statut des enseignants
- – Alléger les programmes scolaires en insistant sur les savoirs fondamentaux. Apprendre à lire, écrire, compter
- – Limiter le nombre d’élèves par classe dans toutes les écoles primaires ainsi que dans les collèges et lycées des REP-REP+
- – Créer des Collectifs de suivi pédagogique
- – Enseigner une seconde langue (étrangère ou régionale) dès le primaire
- – Valoriser l’alternance et les filières professionnelles
- – Créer une nouvelle discipline pour maîtriser les outils numériques (et non plus les subir)
- – Revenir sur la réforme du bac (dite « Blanquer »)
- – Nommer une majorité d’enseignants au sein du Conseil supérieur des programmes
- – Instaurer des voyages linguistiques à l’étranger et des séjours à la montagne ou à la campagne, au collège et au lycée
J’aime beaucoup la seconde proposition, l’école s’étant bien trop diversifiée en domaines de connaissances. Lire, écrire, compter, mais je rajoute savoir manger (par des cours de cuisine et de nutrition basiques), afin de lutter contre la malbouffe et de faire découvrir les produits aux écoliers et aux collégiens (les agriculteurs verront miraculeusement leur ventes augmenter, j’en prends le pari) . Des cours de morale seraient bienvenus dès l’école primaire, car aujourd’hui seulement une partie des adolescents ont des cours de philosophie lorsqu’ils vont au lycée, or, je pense que préparer chaque journée de cours avec une citation du jour, une réflexion sur un concept de base ferait beaucoup de bien et les cours de philosophie auraient plus de facilité au lycée car ils ne seraient qu’une continuité. L’éducation civique doit être renforcée, car je suis toujours interloqué lorsque j’entends des gens (et parfois même des « quinquas ») ne connaissant ni les paroles de la Marseillaise ni même la différence entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Je crois que tout citoyen français doit apprendre les bases des institutions, leurs origines. La citoyenneté n’est pas juste une carte d’identité.
En revanche, l’enseignement d’une seconde langue étrangère dès le primaire, c’est juste de la folie. Les Françaises et les Français (pas besoin de l’écriture inclusive pour les citer ensemble) sont connus pour être en difficulté en langues étrangères. Et hélas, la maîtrise de la langue française se perd de plus en plus aussi. J’invite à la lecture de l’entretien accordé par Hélène Carrère d’Encausse, elle-même académicienne (ici). Par conséquent, je ne peux que conseiller à Monsieur Lassalle de revoir sa copie sur ce sujet, sachant qu’il se contredit puisqu’il propose également de revenir aux fondamentaux à l’école. Une seconde langue dès le primaire est-elle une connaissance fondamentale ?

RELANCER NOTRE ÉCONOMIE, REVITALISER NOS TERRITOIRES
- – Revaloriser le SMIC à 1 400 euros net
- – Baisser la TVA sur les hydrocarbures de 20 % à 5,5 %
- – Réaliser un audit citoyen de la dette
- – Réaliser un audit du droit du travail pour simplifier les règles qui pèsent sur les épaules des employeurs et des salariés
- – Redonner à l’État l’initiative dans les secteurs clefs de l’économie : agriculture, industrie, énergies nouvelles, automobile, aéronautique, routes, recherche spatiale…
- – Créer des zones franches pour favoriser l’installation d’entreprises dans les communes en deçà d’un certain seuil d’habitants
- – Exonérer les TPE et PMI de charges sociales pour l’embauche des deux premiers salariés
- – Donner la priorité aux petites et moyennes entreprises dans les appels d’offres lancés par les collectivités locales avant ouverture aux multinationales
- – Rétablir l’ISF (Impôt sur la fortune) et supprimer l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière)
- – Maintenir la retraite par répartition
- – Définir un plan Marshall pour la réindustrialisation de la France
Clairement, le programme économique du candidat n’est pas à la hauteur d’une élection présidentielle. Entre dirigisme totalement dépassé, mesurettes pour faire plaisir, mais totalement contre-productives comme l’ISF, et propositions dangereuses pour notre économie déjà bien fragilisée, je pense que la note finale va être salée sur le plan budgétaire (ce programme n’est pas chiffré), mais aussi pour la note finale de ce billet. Zéro pointé sur le programme économique, donc.

LA FIN DES OUBLIÉS (HANDICAP, JEUNESSE, 4ᵉ AGE)
- – RSA jeunes : étendre le dispositif actuel aux jeunes sur critères de revenus et / ou sous condition de formation.
- – Accorder aux étudiants un prêt de 20 000 euros à taux zéro, garanti par l’État.
- – Mettre en place un suivi psychologique et une insertion des élèves victimes de harcèlement.
- – Encourager les temps d’activités périscolaires.
- – Étendre la gratuité des transports publics ou la création de tarifs préférentiels pour les jeunes.
- – Pour le logement étudiant : développer les logements intergénérationnels, facteurs de cohésion sociale entre les personnes âgées, souvent isolées (un phénomène accentué avec le covid-19).
- – Reconnaître aux 17,8 millions de retraités la qualité et le statut de troisième partenaire social officiel.
- – Garantir par la Constitution et au titre de la solidarité intergénérationnelle, le maintien absolu du pouvoir d’achat des retraités face à l’inflation.
- – Revaloriser le statut et le salaire des aides à domicile qui s’occupent de personnes en situation de dépendance.
- – Définir une politique des handicaps, y compris non visibles.
- – Restructurer les Maisons départementales de personnes handicapées pour réduire les délais de prise en charge.
- – Supprimer les seuils d’âge de la prestation de compensation du handicap.
- – Déconjugaliser l’allocation aux adultes handicapés, c’est-à-dire quel que soit le revenu du conjoint.
- – Former et revaloriser les accompagnants d’élèves en situation de handicap.
- – Revaloriser le statut et le salaire des aidants qui s’occupent de personnes en situation de handicap.
- – Adapter les logements, centres de loisirs et équipements urbains aux personnes à mobilité réduite.
Alors… Comment dire… Je me crois être propulsé à la fin du XXème. En effet, beaucoup de propositions sont déjà en place (je suis sûr que je n’ai même pas besoin d’énumérer lesquelles, je laisse mes lectrices et lecteurs le deviner très facilement). La seule vraie proposition que l’on retrouve aussi dans le projet de beaucoup de candidats et qui est appréciable : ne plus supprimer l’allocation aux adultes handicapés si ces derniers ont un conjoint avec des revenus. Un handicap ne disparaît pas sous prétexte que le cœur est comblé et d’ailleurs, c’est encore plus compliquer la vie à ces personnes car elles doivent être prises en charge en cas de couple. C’est une humiliation et avec tout l’argent que l’Etat verse pour des sottises, je pense qu’on peut faire un effort pour les personnes en situation de handicap.

LOGEMENT, POUR UNE FRANCE SÛRE ET PAISIBLE
- – Recruter 6 000 gendarmes et policiers
- – Ouvrir sur de larges horaires 2 000 bureaux de police et gendarmerie dans les quartiers et les bourgs
- – Renforcer les effectifs des douanes et les forces frontière où se concentre l’immigration illégale et respecter le droit d’asile, droit fondamental
- – Remettre des officiers traitants sur le terrain pour faire remonter les informations secret-défense et les traiter
- – Créer une Unité de réserve communale de sûreté (URCS)
- – Ouvrir des « états généraux pour la banlieue »
- – Assurer un toit à chaque personne sans abri
- – Faire respecter la loi SRU qui, pour une meilleure mixité sociale, impose un certain nombre de logements sociaux aux communes de plus de 3 500 habitants (de 20 à 25 %)
- – Augmenter le montant des APL (Allocations personnalisées au logement), notamment pour les jeunes
- – Encadrer les loyers : opérer un meilleur contrôle
- – Favoriser un accès au logement pour les primoaccédants et les locaux avant les logements touristiques et les résidences secondaires
- – Développer le principe de la location-accession
Niveau sécurité, c’est très très très timide mais cela va dans le bon sens du moment qu’une volonté de renforcer la protection des citoyennes et des citoyens est déclarée. C’est tout de même la mission première de l’Etat, on l’oublie trop souvent. Pour le reste, le développement du principe de location-accession peut être une bonne idée mais pour cela il aurait fallu plus de précisions. Toutes les autres propositions sont la traduction d’une politique là encore dirigiste, avec la loi SRU qui est un scandale (j’ai pu le constater dans la commune où j’ai été candidat à deux reprises sur une liste). J’en passe pour ne pas faire trop long, mais je recommande cet article sur le danger d’encadrer les loyers (ici).

DÉCENTRALISER PAR LA SUBSIDIARITÉ ASCENDANTE
- – Pour une intercommunalité à taille humaine : abroger les lois NOTRe et Maptam
- – Restaurer les compétences des communes ainsi que leur autonomie financière et fiscale
- – Reprendre la réflexion sur les Régions budgétivores et peu efficaces
- – Rétablir les mandats de député-maire et sénateur-maire afin de renouer le lien entre les territoires et la représentation nationale
Très positif dans l’ensemble, toutefois très timide. La subsidiarité est un bien grand mot pour ce type de propositions. Je recommande pour ma part une fédéralisation de la France (ici). Mais je n’ai rien à dire sur le programme en lui-même, car le problème n’est pas ce qui est proposé, mais ce qui ne l’est pas.

CULTURE ET PATRIMOINES
- – Orienter les financements publics vers la création indépendante
- – Conditionner le financement public des médias privés et de la culture à l’indépendance des propriétaires
- – Créer un fonds dédié pour subventionner les lieux culturels qui facilitent l’accès aux plus défavorisés
- – Revaloriser le statut et le salaire des intermittents du spectacle
- – Créer la Fête des Sports (21 septembre), la Fête de l’engagement (21 décembre) et la Fête du Savoir (21 mars)
Pour la création des trois fêtes évoquées, quel intérêt ? Quelles conditions ? Seront-elles des nouveaux jours fériés ? Je ne comprends pas que l’on peut annoncer de telles mesures sans préciser ! Et c’est pareil pour le fonds dédié proposé ou la revalorisation du salaire des intermittents… Pourquoi diable Jean Lassalle n’annonce aucun chiffre ni aucune précision ?!

LA JUSTICE AVANT LE DROIT
- – Renforcer la médiation dans le domaine de la justice
- – Augmenter le nombre de magistrats effectifs dans les tribunaux
- – Lancer un plan de construction de prisons afin de garantir que les peines courtes seront appliquées et que les conditions d’hygiène / sécurité seront respectées
- – Améliorer le dispositif de l’aide juridictionnelle
- – La formation en prison doit faire l’objet de partenariats plus importants avec le monde professionnel
- – Légaliser le cannabis, en encadrant strictement sa vente et en dédiant une grande part des recettes à la lutte contre l’addiction
Me vient un adage latin qui dit que l’erreur est humaine, mais que persévérer est diabolique. Monsieur le Député, avec votre expérience politique, pouvez-vous, je vous en supplie, ne plus marquer dans vos programmes « il faudrait faire » comme lors des discussions entre amis, mais plutôt préciser ? Combien de magistrats supplémentaires ? Que voulez-vous améliorer dans l’aide juridictionnelle ? C’est dommage car les idées, en l’espèce, sont plutôt bonnes dans l’ensemble mais comment faire confiance à un candidat qui ignore comment mettre en pratique ce programme ?
J’ajoute que le titre « la justice avant le droit » me paraît très déplacé. La justice applique le droit tout en ayant une certaine liberté à travers la jurisprudence et la doctrine, mais ils sont intrinsèquement liés. Une justice qui mettrait le droit au second plan serait une justice arbitraire et indigne d’un Etat de droit (Montesquieu disait que « le juge est la bouche de la loi »).
Et pour reprendre une formule célèbre de François Hollande, en la déformant légèrement, je dirais « un candidat à la présidence ne devrait pas dire ça ».

CAMPAGNES DE FRANCE, GRANDE CAUSE NATIONALE
- – Affecter 3 milliards d’euros par an aux campagnes, grande cause nationale.
- – Revoir la distribution de la PAC pour que les aides aillent aux paysans qui respectent leur terre et leurs bêtes, non à la spéculation foncière.
- – Doter toutes les filières (agro-alimentaire, forestière, eau…) des outils de première et deuxième transformation au plus près des territoires de production.
- – Mettre en place un « ticket paysan » pour soutenir les circuits courts, sur le modèle des « tickets-restaurants », en faveur des agriculteurs locaux et régionaux.
- – Replacer les coopératives agricoles sous la responsabilité directe des exploitants.
- – Favoriser l’accès au foncier, la formation et la reconversion pour faciliter la reprise des exploitations agricoles.
- – Désenclaver les campagnes par le maintien ou la création d’écoles, transports, services de santé, téléphonie, fibre optique et 4G partout sur le territoire.
- – Pour s’adapter au mieux à la diversité des territoires soucieux de bâtir leur avenir, faciliter le changement d’usage agricole à usage d’habitation et renforcer les prérogatives de la SAFER en matière de préemption afin de protéger le potentiel des exploitations.
- – Développer des passerelles entre ruralité et centres urbains.
- – Conditionner l’octroi des Signes de Qualité et d’Origine (SIQO ; labels, AOC, AOP…)
- – Entretenir nos paysages, chemins et cours d’eau en biens communs.
- – Défendre les traditions populaires et les pratiques ancestrales telles que la chasse et la pêche traditionnelles, qui font partie du patrimoine national.
Concernant le dernier point qui fait référence aux loups, aux ours et aux lynx, j’invite les lectrices et les lecteurs à consulter cet article (ici). Pour le reste, outre les 3 milliards d’euros par an alloués aux campagnes sans la moindre justification pour l’expliquer (l’argent des contribuables mérite le respect), j’imagine que le candidat – qui est technicien agricole de profession – sait de quoi il parle et les raisons qui motivent ces propositions…

POUR UNE FRANCE SOUVERAINE EN EUROPE ET DANS LE MONDE
- – Renforcer les liens avec les territoires d’Outre-mer.
- – Développer le tourisme ultramarin et le tourisme d’excellence par des aides de l’État plus conséquentes.
- – Peaufiner avec les territoires d’Outre-mer notre grand dessein de développement des énergies nouvelles.
- – Lutter contre les inégalités territoriales plus criantes dans le domaine de la santé notamment.
- – Soutenir l’effort d’instruction dans les pays qui le désireraient. Préparer les bases d’échanges équitables.
- – Mettre fin à la supervision du franc CFA par le Trésor français.
- – Débattre et voter au Parlement toute législation d’origine européenne au lieu de laisser l’exécutif approuver par ordonnance pour les transposer en droit français
- – Pouvoir coopérer de manière bilatérale avec nos voisins, au cas par cas, selon les projets
- – Revoir la participation financière de la France au budget européen
- – Réviser nos marges de décision sur le budget, la PAC, la Directive habitats…
- – Retirer à la Commission européenne la mission de représenter la France dans les traités de protections des investissements internationaux. Et interrompre la négociation de tels accords (CETA…)
- – Préparer notre désengagement de l’OTAN
- – Ouvrir le Conseil de Défense à la représentation nationale afin de contrôler (par référendum ou vote au Parlement) l’engagement ou le retrait des forces françaises impliquées dans un conflit.
- – Rapatrier le commandement des forces françaises des Émirats Arabes Unis à La Réunion.
- – Revoir les traités de défense passés avec nos anciennes colonies.
- – Permettre au Parlement de contrôler nos ventes d’armes à l’étranger.
- – Rebâtir notre industrie d’armement et d’équipement.
- – Renforcer notre 4e armée pour la cyberdéfense, indépendante des sociétés informatiques et lui allouer un budget conséquent (1/4 de celui consacré aux autres armées).
- – Créer une Garde nationale pour doter notre armée régulière d’une force d’appoint.
Sur l’Outre-mer, que je défends et dont je suis natif, c’est un sans-faute et les lectrices et les lecteurs qui me lisent depuis ces territoires lointains (toujours plus nombreux) peuvent être assurés de mon soutien le plus total. Concernant l’Europe, j’invite Monsieur Lassalle à relire les traités européens avant de proposer des énormités qui le dépassent. Ces mesures sont inapplicables, sauf en cas de modification à l’unanimité des Etats membres et de leur Parlement. Il est de bon ton, ces derniers temps, de jouer l’Européen qui veut tout révolutionner mais je rappelle que nous sommes qu’un seul membre parmi 26 autres et que la seule possibilité en cas de désaccords majeurs, c’est le Frexit dont je suis le partisan.

Jean Lassalle, pour sa deuxième campagne présidentielle, n’est pas très innovant. On reste sur notre faim concernant une multitude de sujets bien que certaines propositions soient dignes d’intérêt. Une candidature aisément classable sur l’échiquier politique au « centre » d’un point de vue programmatique, mais l’ancien lieutenant de François Bayrou devrait mieux travailler son projet et surtout… Le préciser ! Il s’agit tout de même d’une élection présidentielle ! Pas d’une discussion entre amis !
Je pense donc que la note la plus appropriée est : 2 / 10.
salut Alexandre
Bravo pour ce gros travail de recensement et d’analyse ! Lassale est l’un des candidats auxquels je m’intéresse et ton inventaire… m’a dissuadé de lui apporter ma voix (rien d’original…).
J’ai tenté de laisser un commentaire sur ton blog mais le site wordpress me demande mon adresse mail et le mot de passe. Or, il ne reconnaît justement pas le mot de passe de mon adresse mail de sorte que je ne sais pas ce qu’il me demande (ces histoires de mots de passe qui ne collent jamais sont à devenir dingues, au demeurant…).
amitiés
erwan
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