C’est avec plaisir que je vous retrouve pour ce quatrième épisode du feuilleton présidentiel, dont le nombre de retours positifs se cumulent, je vous en remercie au passage.
Ce dernier a pour objectif de décortiquer le programme de chaque candidat et de lui attribuer une note finale. Le format restera le plus concis possible, avec pour l’espoir que toutes et tous puissent se faire une opinion sur le candidat en question facilement. Ces analyses me sont naturellement propres, et n’étant pas candidat, mon objectif est davantage de lancer des pistes de réflexion à travers mes commentaires, que de convaincre.
Bien évidemment, et quel que soit votre choix final, je vous engage vivement à vous rendre aux urnes en avril prochain !
Au passage, je vous invite aussi à donner votre note personnelle sur le programme des candidats dans les commentaires.
C’est parti !

C’est à travers 8 thématiques que la maire de Paris de 62 ans présente son programme présidentiel (source : ici).


Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’ignore qui s’est chargé de la présentation visuelle du programme, mais je n’ai pas les mots pour la décrire. Un texte écrit en petits caractères, avec des titres assez fourre-tout. Ne parlons même pas des (trop) longs textes explicatifs qui pourraient se résumer facilement en trois lignes, ni du manque cruel de saveur en matière de couleur. Bref, travail bâclé sur la forme, et lecture soporifique sur le fond.
Sur le plan des idées dans le domaine de l’emploi, rien de très ambitieux et surtout, une prudence assez étrange pour une prétendante au trône élyséen. Outre la pénalisation financière promise lorsqu’un salaire est plus de 20 fois supérieur au salaire le plus bas – qui est une bêtise catastrophique économiquement et qui aura des effets aggravants un peu plus notre situation morose – chaque mesure est assez vague, avec des rectifications ou des renforcements de dispositifs actuels (comme l’égalité homme-femme pour les salaires, dont le mythe a été démenti par Harvard ici même). La seule mesure « ambitieuse » concerne l’outre-mer, et est plus ouverte à la réflexion.



Le seul point qui a attiré mon attention est celui de l’éducation à l’alimentation à tous les âges (j’en parle à tous les feuilletons présidentiels, avec le slogan « apprendre à lire, écrire, calculer et manger »). Il est vraiment dommage que ce soit exposé en quelques mots, noyé dans une thématique plus générale, sans précision et sans moyens énoncés. Un vrai gâchis !



Niveau démocratie directe, j’admets ne pas comprendre pourquoi la candidate socialiste veut en même temps faciliter la procédure du Référendum d’initiative partagée, et créer le Référendum d’initiative citoyenne. Au final, ce dernier pourrait remplacer directement le premier puisque le peuple aurait directement l’opportunité de faire un référendum. N’est-ce pas ?
Après avoir déblayé les longues phrases imprécises et inutiles à la compréhension de mesures concrètes (comme « parité réelle », d’accord, mais comment ? De quelle façon ? Sur quels domaines ? Mystère !), on s’aperçoit que le vote dès 16 ans serait instauré. Je suis bien évidemment contre une telle mesure. Ce serait catastrophique pour la démocratie à mon sens, car même si ce n’est pas politiquement correct de l’écrire, nous pouvons nous apercevoir que déjà à 18 ans il est très compliqué pour un jeune d’avoir une opinion politique réfléchie et sérieuse. Et c’est normal ! Car sauf dans de rares cas un jeune de cet âge ne paie pas d’impôts, ne paient pas des frais liés à une voiture puisque l’âge moyen d’obtention du permis B est de 19 ans (source), n’a pas de vrai salaire…
En effet, certains jeunes ont des avis très tranchés, très passionnels, parfois même influencés par la famille… Mais qu’en est-il de ces idées 10 ou 15 ans plus tard ? Je vous laisse faire vos propres sondages autour de vous. Pour finir d’éveiller la réflexion sur cette proposition qui concernerait des adolescents n’ayant pas atteint l’âge d’avoir le bac, je vous renvoie à un site spécialisé qui rappelle ceci : « On sait toutefois que la plupart des zones du cerveau arrivent à maturité vers 25 ans. » (source: ici). Mais il est vrai que dans un programme très émotionnel de gauche, le savoir est un ennemi.
Sur les élections législatives qui seraient avant l’élection présidentielle, c’est d’une idiotie sans nom et cela ne ferait qu’inverser le problème actuel. C’est pourquoi, et afin d’éviter que l’une influence l’autre, il faut impérativement mettre le même jour les deux scrutins. Ainsi, ils seront en corrélation et réduiraient le faible taux de participation des législatives. J’en parle plus longuement dans un article que j’ai écrit récemment (ici).
Concernant la décentralisation, il y a quelques mesurettes sympathiques, mais je propose pour ma part la fédéralisation de la France, avec un système détaillé (ici).


Quelques idées intéressantes mais timides. J’aimerais bien plus d’élan concernant les programmes scolaires et la répartition du temps par matière. Entre autres…



Pour les retraites, j’en ai déjà parlé plusieurs fois et je suis favorable au système par capitalisation. Un petit article de Pierre Allemand pour les plus curieux sur la question (ici). Beaucoup de mesures contre-productives ou inutiles et très coûteuses dans notre beau pays surendetté, mais le choix d’une fin de vie digne peut être une mesure appréciée du moment qu’un vrai débat s’ouvre avec un temps de parole égal à chaque « camp » et avec des journalistes professionnels qui mettent leur soif de bad buzz dans la poche. N’est-ce pas, Laurent Delahousse ?


Faire parler une ou un socialiste sur la sécurité et l’armée, c’est toujours savoureux. Donc pour notre Hidalgo nationale, pas de problème de cambriolages, de violences gratuites, de peines trop légères (elle veut même aller plus loin en renforçant les alternatives à la prison). Le budget militaire beaucoup trop bas à la vue des enjeux actuels ne semble pas lui poser soucis puisqu’elle ne parle que d’une hausse sur la recherche militaire (non chiffrée), mais pas de l’équipement ni des moyens alloués en général… Donc avec Anne Hidalgo, la délinquance sera la meilleure bénéficiaire en cadeaux ! Il faut bien trouver un électorat après tout.


La seule mesurette appréciable, dans tout ce lourd bloc textuel, est la généralisation de l’expérimentation de zéro chômeur de longue durée, testée dans ma commune. Cela devrait être provisoire, le temps que des réformes ambitieuses pour oxygéner l’économie se mettent en place. Mais c’est déjà un début. Et comme la candidate ne daigne pas présenter ce dispositif en quelques mots, vous pouvez vous renseigner sur le site officiel (ici).



Bonne mesure sur la francophonie, très importante. Pour le reste, rien de spectaculaire, d’autant que je suis en faveur d’une France souveraine et libérée de l’union européenne (pour en savoir plus : ici et ici).

Que dire en guise de bilan, si ce n’est que ce programme est vraiment un crachat à la face de l’élection présidentielle. Un recyclage des vieux programmes à la sauce socialiste y est opéré, avec aucune volonté de mettre en valeur le peu d’idées intéressantes. Très peu de chiffres, très peu de mesures qui changent vraiment les choses. Je suis certes de droite, mais je suis prêt à être indulgent avec un programme de gauche si celui-ci est sérieux et argumenté correctement. Mais mettre un texte si illisible, avec des titres plus proches d’une campagne marketing que politique, et qui est accompagné de blocs aussi prolixes et indigestes… C’est juste irrespectueux pour les lectrices et les lecteurs. Le pire, c’est que ça gâche les deux ou trois idées intéressantes, car on ne les voit même plus si on lit rapidement. Et avec une dizaine de candidats à la présidentielle, beaucoup liront rapidement les programmes. Hélas.
Je pense donc que la note la plus appropriée est : 1 / 10.
Et vous ?