Démocratie versus sondocratie

Depuis 1977, une loi sert de « colonne vertébrale » à la législation des sondages et à leurs contrôles. D’ailleurs, quel est le rôle d’un sondage ?

Nous pourrions dire qu’en politique, il s’agit d’un outil de mesure afin d’étudier l’opinion sur un sujet ou sur des candidats. Cela à titre d’information et afin de connaître la tendance politique française. Naturellement, cette science est importante pour analyser ce qu’il se passe, ou ce qu’il s’est passé (exemple: la composition d’un électorat).

Toutefois, comme presque tout, l’excès mène à des dérives inacceptables et qui aujourd’hui peuvent conduire à modifier le résultat final d’une élection nationale, parfois même locale. C’est ainsi qu’avant 2002, il était interdit de publier un sondage une semaine avant l’élection, ce qui peut être comparable à l’article 10 du décret du 8 mars 2001 disposant que : « La campagne prend fin la veille du scrutin à zéro heure. ». Laisser un temps aux Françaises et aux Français sans campagne, leur permettant de pouvoir réfléchir au calme, de lire les professions de foi… Tout comme lorsque vous prenez une décision après avoir réfléchi dans votre for intérieur, sereinement et après être allé chercher les éléments déterminants.

Hélas, depuis la loi du 19 février 2002, les sondages peuvent être publiés jusqu’au vendredi (dernier jour de campagne), et non plus jusqu’à une semaine avant maximum. Un article de TF1, d’ailleurs, démontre que les sondeurs savent très bien qu’un nombre significatif d’électeurs se décident les derniers jours. Parfois même le jour du vote, finissant par prendre une décision dans l’isoloir (source). Ainsi, si un sondage donne un candidat « A » présent au second tour alors que votre candidat favori est le « B », vous pourriez avoir tendance à voter « A » pour contrer le candidat « C ». Et c’est ainsi que des candidats se voient propulsés au second tour (Emmanuel Macron à la place de François Fillon en 2017).

Ne parlons même pas des sondages publiés le soir même du premier tour pour le second tour ! Il faut donc impérativement interdire les sondages pendant la campagne officielle, et entre les deux tours pour permettre aux Françaises et aux Français de décider librement et ainsi de voir peut-être un jour élu un prétendant qui n’aurait jamais gagné dans le cadre de sondages, le « vote utile » disparaissant subséquemment à cette suppression.

Et ailleurs ? Eh bien, nous constatons que cette mesure paraîtrait totalement banale dans des démocraties européennes et extra-européennes qui l’appliquent déjà, avec un minimum de 14 jours (parfois plus) et dont un journal donne la liste : Il s’agit de l’Italie, du Montenegro, de la Slovaquie, de la Bolivie, du Chili, du Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Panama, du Paraguay, de Singapour, du Cameroun, de la Tunisie et la Zambie. L’article en question étant disponible ici.

Le grand journaliste et ancien résistant André Frossard, décédé en 1995, disait d’ailleurs ironiquement, lorsque la loi interdisait les sondages une semaine avant l’élection, ceci : “Semaine épouvantable : pas un seul sondage d’opinion. Tant pis, nous essaierons de deviner tout seuls nos propres intentions.”

Une réflexion sur “Démocratie versus sondocratie

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